Conformément aux dispositions prises lors du sommet de l’OTAN tenu à Varsovie l’été dernier, un contingent britannique est arrivé sur le sol estonien mi-mars. Les soldats de l’Alliance atlantique sont installés à Tapa (Viru occidental), ville dans laquelle se trouve la plus importante base militaire estonienne. Les Britanniques rejoignent les troupes états-uniennes déjà présentes et 300 Français doivent arriver en Estonie en avril.
En politique, le député Martin Helme (EKRE) a provoqué une polémique en critiquant ouvertement trois juges lors d’un discours au Riigikogu. Allant jusqu’à demander à ce que leurs têtes tombent, l’élu s’est ému que des juges de la cour d’appel de Tallinn aient demandé à la préfecture de région de Harjumaa de transcrire un mariage homosexuel célébré en Suède dans les registres estoniens. Selon Martin Helme, dont la formation politique est une opposante farouche à toute légalisation des unions de même sexe, les juges ont outrepassé leurs prérogatives en décidant elles-mêmes du droit plutôt que de le suivre. Il a aussi estimé qu’elles avaient enfreint la législation estonienne. Le parti a également adopté une résolution dans laquelle il condamne l’usurpation du pouvoir législatif par les juges. Cette prise de parole a été condamnée entre autres par le président de la Cour suprême Priit Pikamäe et par la présidente de la République Kersti Kaljulaid. Outre le choix des mots et les attaques contre des personnes, les critiques ont condamné l’attaque contre l’indépendance de la justice.
Depuis plusieurs mois, les forêts estoniennes sont au cœur d’un débat public intense alors que le gouvernement a présenté un nouveau projet de loi sur les forêts. Autorités, scientifiques, partis politique activistes écologistes, simples citoyens se battent à coup d’arguments tant rationnels qu’émotionnels. Le texte contient notamment l’abaissement de 80 à 60 ans de l’âge des arbres pouvant être abattus. Globalement, les opposants condamnent une exploitation trop massive des ressources sylvicoles estoniennes, craignant dans le même temps pour la biodiversité du pays.
Autre sujet qui anime la classe politique, la question du déménagement de l’Académie de sûreté intérieure (Sisekaitseakadeemia) à Narva a été tranchée. Plutôt que transférer l’ensemble de l’institution, ou de ne rien faire, le gouvernement a annoncé la création d’un collège dans la ville de l’est de l’Estonie. La structure accueillera la formation des élèves de l’école militaire (environ 400 personnes) et des fonctionnaires ainsi qu’une partie des formations liées à la protection de la frontalière dont seront toujours situées principalement à Paikuse (Pärnumaa). Ce choix a été salué par l’ensemble des acteurs impliqués alors que les oppositions avaient été franches au cours des semaines précédentes.
De son côté, le système bancaire estonien est plongé dans la vaste affaire de blanchissement d’argent « Russian Laundromat » (Machine à laver russe). Environ 1,6 milliards de dollars (sur un total de 20 à 80 milliards selon les estimations) ont transité par les établissements bancaires estoniens. Les trois quarts des sommes ont circulé via des comptes de la banque danoise, le reste des sommes via la banque Versobank, Eesti Krediidipank… Selon le quotidien Postimees, l’affaire serait à l’origine du départ du directeur de Danske Bank Estonie en 2015. Le directeur de Versobank a également quitté son poste après douze années en janvier dernier.
Comme chaque année le 25 mars, des cérémonies de commémoration des déportations de mars 1949 ont été organisées à travers l’Estonie, avec notamment le dépôt de bougies sur les places des mairies des grandes villes. Pour la première fois, une telle opération a également été organisée à Narva à l’initiative de l’association de jeunesse Avatud Vabariik. L’événement a été précédé d’un débat sur la question des politiques de mémoire pour les jeunes au Collège universitaire de Narva.
Enfin, le monde de la culture a été une nouvelle fois marqué une disparition, celle de Lembit Ulfsak (1947-2017). Acteur de théâtre et de cinéma, Lembit Ulfsak venait de recevoir le prix culturel d’État pour l’ensemble de sa carrière en février dernier. En 2012, à l’occasion du centenaire du cinéma estonien, il s’était vu décerner le prix d’acteur masculin du siècle. Dernièrement, Lembit Ulfsak avait fait partie de l’aventure du film Mandariinid (2013), dans le rôle d’Ivo, allant jusqu’à Hollywood lorsque le film a été nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger. Outre ces rôles au cinéma et au théâtre, l’acteur est régulièrement apparu dans la série Õnne 13 (sur ETV) à partir de 2004.