Les derniers jours de campagne en vue de l’élection présidentielle ont été marqués par l’accord conclu entre le Parti de la Réforme et les Sociaux-Démocrates : Eiki Nestor, le président du Riigikogu, serait candidat au premier tour, Siim Kallas, ancien Premier ministre et ancien vice-président de la Commission européenne, aux deuxième et troisième tours le cas échéant.
En lien avec cet accord, une polémique est née autour du débat télévisé organisé la veille du scrutin par la radiotélévision estonienne (ERR). Seuls les candidats inscrits pour le premier tour (E. Nestor, A. Jõks et M. Reps) devaient prendre part à l’émission, ce qui a été critiqué. Siim Kallas a finalement participé au débat en tant que candidat probable du second tour. Cette présence a été à son tour critiquée par Mart Helme, exclu du débat car candidat potentiel uniquement lors du rassemblement éventuel du collège électoral. De manière générale, ce flou a mis en lumière la complexité de l’élection présidentielle et l’inadéquation entre le système en place et une campagne qui s’est déroulée selon le principe d’une élection directe.
Après trois tours de scrutin au Riigikogu, aucun des candidats présentés n’a reçu les 68 voix requises. Le premier tour s’est tenu le 29 août avec trois candidats en lice. Le social-démocrate Eiki Nestor a obtenu 40 voix, Mailis Reps (Parti du Centre) 26 voix et Allar Jõks (indépendant) 25 voix. Huit bulletins ont été déclarés nuls, deux députés n’ont pas pris part au vote. Le principal enseignement du premier tour a été qu’Eiki Nestor n’a pas obtenu les 45 voix espérées (cumul des députés sociaux-démocrates et de ceux du Parti de la Réforme) et qu’Allar Jõks a bénéficié de quatre voix de plus que son nombre de soutiens. L’après-premier tour a été marqué la recherche des députés du Parti de la Réforme qui n’avaient pas respecté l’accord autour d’Eiki Nestor.
Lors du second le lendemain, trois candidats étaient de nouveau en lice : Allar Jõks, Siim Kallas et Mailis Reps. Les deux premiers ont obtenu le nombre de voix attendu au regard des forces en présence au Parlement, respectivement 21 et 45. Mailis Reps a amélioré son score de la veille avec 32 voix, grâce au soutien (probable, le vote étant secret) des députés EKRE qui ont souhaité éviter un risque de qualification directe d’Allar Jõks pour le premier tour devant le collège électoral (pour lequel sont qualifiés les deux candidats du troisième tour). Les deux meilleurs candidats, S. Kallas et M. Reps, ont été opposés lors d’un troisième tour de scrutin. Siim Kallas a obtenu 42 voix et Mailis Reps 26 ; 30 députés ont voté blanc. L’échec des députés à élire un nouveau président de l’Estonie ouvre une nouvelle période avec la convocation d’un collège électoral pour deux tours de scrutin le 24 septembre. Siim Kallas et Mailis Reps sont déjà en lice. Allar Jõks devrait de nouveau tenter sa chance, Mart Helme (EKRE) a promis d’être candidat. Rapidement, s’est posée la question de la posture du Parti de la Réforme car promesse avait été faite à Marina Kaljurand qu’elle serait la candidate. Finalement, la direction du parti a choisi de soutenir Siim Kallas. Suite à cette décision, une cinquantaine de personnes (élus locaux, journalistes, sportifs, chefs d’entreprise…), ont lancé un appel en faveur d’une candidature de la ministre des Affaires étrangères. Enfin, la question du choix d’un candidat par le Parti de la Réforme révèle des tensions à l’intérieur du parti au pouvoir entre soutiens de Siim Kallas et ceux de Marina Kaljurand. L’élection présidentielle estonienne pourrait ainsi avoir des conséquences politiques bien plus larges dans les semaines à venir.
Outre l’élection présidentielle, l’actualité a été marquée par la visite d’Angela Merkel à Tallinn pendant deux jours, une première depuis huit ans. La chancelière allemande a rencontré le Premier ministre Taavi Rõivas et le président Toomas Hendrik Ilves et a découvert les solutions numériques développées en Estonie.
La question du budget de la sécurité sociale estonienne a également été présente dans l’actualité. En effet, alors qu’un déficit de 15 millions d’euros avait été prévu pour l’année 2016, il ressort que le déficit lors des six premiers mois de l’année était déjà de 33 millions d’euros. La hausse du déficit s’explique par le début du remboursement des médicaments contre l’hépatite C, les hausses des dépenses de visite chez les médecins spécialistes et la hausse des arrêts maladie. Si les fonds de réserve existants vont permettre de compenser ce déficit, les pronostics prévoient leur épuisement d’ici à 2020. Les différents acteurs du secteur doivent se rencontrer pour évoquer les solutions possibles. De son côté, le ministre de la santé Jevgeni Ossinovski a promis que les délais d’attente n’augmenteraient pas malgré la réduction des dépenses à prévoir afin d’équilibrer les comptes comme l’exige le ministre des finances.
Dans le domaine des nouvelles technologies, une page s’est tournée fin août avec la fermeture du célèbre portail estonien hot.ee. Créé en 1999, le portail avait ensuite été racheté par l’opérateur téléphonique Elion (devenu Telia). De nombreux Estoniens avaient une adresse électronique auprès de ce portail au nom qui pouvait intriguer, mais son utilisation en baisse a poussé Telia à le fermer au profit d’un nouveau serveur baptisé online.ee. De plus, c’est en août que le paiement bancaire sans contact a fait son arrivée en Estonie. Si des cartes adéquates étaient déjà disponibles, aucune banque n’a encore permis ce mode de paiement.
Le secteur bancaire en Estonie va connaître un bouleversement avec le regroupement des services baltes de la banque suédoise Nordea et de la Norvégienne DnB en une seule entité. Devant encore être autorisée par les autorités financières, la fusion fera naître le second groupe bancaire des Etats baltes face aux deux concurrents suédois du secteur, Swedbank et SEB. Le siège du nouveau groupe sera localisé à Tallinn.
Enfin, le 1er septembre marque comme chaque année le début de l’année scolaire pour tous les élèves et étudiants d’Estonie. Quelques jours auparavant, le ministre de l’éducation et de la recherche Jürgen Ligi a confirmé la mise en place d’un nouveau calendrier scolaire à partir de l’année 2017-2018 avec l’ajout d’une cinquième période de vacances. Jusqu’à présent, le calendrier comptait quatre périodes de vacances : les vacances d’automne (une semaine en octobre), les vacances d’hiver (deux semaines fin décembre début janvier), les vacances de printemps (une semaine en mars) et les vacances d’été (début juin – fin août). En 2018, les vacances de printemps seront décalées à la fin du mois d’avril et une semaine de vacances (dite vacances de ski) sera instaurée fin février (au détriment des vacances d’été). Cette décision vise la réduction et l’équilibrage du nombre de semaines de travail successives en hiver et au printemps afin d’éviter la fatigue des collégiens.