La seconde partie de juin est traditionnellement marquée en Estonie les festivités des 23 et 24 juin, deux jours fériés. Le 23 juin est le Jour de la Victoire (bataille de Võnnu – Cēsis en letton, Wenden en allemand – en 1919). Comme tous les ans, un défilé militaire a eu lieu, cette année à Võru. Petite nouveauté cette année lors de cette manifestation, un groupe de quatre membres de l’unité Sakala de la Ligue de Défense a défilé au son de cornemuses traditionnelles (torupill). Ceci marque la réalisation d’une idée lancée par Lennart Meri au festival de musique traditionnel de Viljandi en 2001, puis relancée par Toomas Hendrik Ilves en 2010. Les deux présidents ont souhaité remettre au goût du jour cet instrument, notamment en créant un groupe de cornemuses militaires aux côtés de l’orchestre de l’armée.
Outre les commémorations, la journée du 23 juin est surtout la veille de la Saint-Jean. Comme chaque année, les Estoniens ont fêté la journée la plus longue de l’année autour de barbecues et de feux de la Saint-Jean.
En cette période toujours très arrosée de la Saint-Jean, la question de la consommation d’alcool fait de nouveau l’actualité. Le ministère de la justice a proposé un texte instaurant la possibilité de sanctionner les passagers de conducteurs en état d’ivresse par des amendes (jusqu’à 40€). (Pour rappel, en Estonie, l’alcoolémie autorisée au volant est de 0 g/L de sang). Ce projet vise à responsabiliser les personnes qui se trouvent dans les véhicules de conducteurs qui ont bu.
Dans le même temps, le gouvernement et les professionnels du secteur des produits alcoolisés s’opposent sur les causes du départ d’une partie du secteur de la vente d’alcool en Lettonie, principalement à Valka. Selon les entreprises, cette tendance s’explique par la hausse des taxes sur l’alcool (+15%) au printemps. Le gouvernement renvoie la responsabilité aux entreprises de vente, arguant que les différences de prix (du simple au triple de part et d’autre de la frontière) ne peuvent s’expliquer par la seule différence entre taxe estonienne et taxe lettone. Conséquence de l’augmentation des ventes en Lettonie, le système de collecte de bouteilles consignées se trouve menacé. En effet, les Estoniens récupèrent la consigne de dix centimes auprès des points de collecte estoniens sans s’en être acquittés auparavant en Estonie.
Sur la scène diplomatique, les autorités estoniennes n’ont pas apprécié certaines prises de position du ministre allemand des Affaires étrangères Franz-Walter Steinmeier. Ce dernier a appelé à mettre fin aux exercices militaires de l’OTAN dans les pays orientaux de l’Alliance et de les remplacer par le dialogue et la coopération (sous-entendu avec la Russie). Son homologue estonienne Marina Kaljurand qu’il s’agissait d’un avis personnel et que l’Allemagne soutenait néanmoins le renforcement de la présence de l’OTAN à l’est, dans les États baltes notamment. Ensuite, le choix de Steinmeier de n’inviter que les ministres des Affaires étrangères des États fondateurs de l’Union européenne après l’annonce des résultats du référendum britannique a été critiqué par Marina Kaljurand et Kalle Palling, le président de la commission des affaires européennes du Riigikogu. M. Kaljurand a déclaré ne pas comprendre ce choix, de son côté K. Palling a déploré que les 28 ministres n’aient pas été invités.
Globalement, les réactions à la victoire des partisans d’un départ du Royaume-Uni de l’UE exprimaient la tristesse. S’il est respecté, le choix britannique est déploré par l’ensemble de la classe politique, à l’exception des eurosceptiques du Parti conservateur (EKRE). Heureux du résultat du référendum, Martin Helme, vice-président d’EKRE a estimé qu’il s’agissait de la faillite de la politique allemande ainsi que de celle de l’élite politique estonienne qui a liquidé l’État estonien depuis 2004. De son côté, le président Toomas Hendrik Ilves a estimé que la situation aurait pu être plus difficile si l’UE était également la garante de la sécurité de l’Estonie et n’a pas voulu cédé à la panique. Les discours du Premier ministre Taavi Rõivas ou du commissaire européen estonien Andrus Ansip se voulaient plus modérés quant à la nécessité d’un départ rapide du Royaume-Uni de l’UE tout en espérant que le processus ne s’éterniserait pas. Enfin, le choix des Britanniques pourrait voir des conséquences sur la future présidence estonienne du Conseil de l’Union européenne au premier semestre de 2018. En fait, la présidence tournante sera assurée par le Royaume-Uni entre juillet et décembre 2017. Les autorités estoniennes ont assuré pouvoir répondre à un éventuellement bouleversement de calendrier.
Lancée à l’automne dernier, la compagnie nationale Nordica fait ses premiers bilans. Un déficit de 15 millions d’euros est annoncé pour la première année d’activités, pour un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros. Selon le directeur général de la compagnie, le déficit prévu pouvait atteindre 23 millions d’euros pour la première année. L’équilibre financier devrait être atteindre dans trois ans, en 2019. Parallèlement, le directeur commercial de Nordica, Erik Sakkov, quitte l’entreprise pour raisons personnelles. Il était le visage de la compagnie dans les médias depuis le début.
À Narva, une saga a trouvé son dénouement. Au printemps 2015, incapable de faire face à ses dettes, la paroisse luthérienne Saint-Alexandre avait déclaré sa faillite. Les dettes étaient liées à la rénovation de l’église Saint-Alexandre dans la seconde moitié des années 2000, notamment la reconstruction de son clocher détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. En mars 2016, face à l’incapacité de l’Eglise Évangélique Luthérienne d’Estonie (EELK), à laquelle appartient la paroisse, à couvrir les dettes de la paroisse, les créanciers ont décidé de mettre l’église aux enchères pour la somme de 500 000 euros. Un accord a finalement été conclu en juin 2016 : L’État et l’EELK ont acheté l’église à parts égales pour 375 000 euros.
Enfin, l’équipe féminine d’escrime est devenue championne d’Europe à l’épée à Toruń en Pologne. Il s’agit du second titre continental remporté par Irina Embrich, Kristina Kuusk, Julia Beljajeva et Erika Kirpu, qui avaient déjà remporté la médaille d’or en 2013 à Zagreb. À cette occasion, Irina Embrich égale le record de dix médailles obtenues en championnat international (championnats d’Europe et du monde, JO) par un Estonien, détenu par le lanceur de disque Gert Kanter.