Au début du mois de mars, les ministres estoniens ont été actifs sur plusieurs fronts. Tout d’abord, le gouvernement a tenu un conseil des ministres délocalisé dans l’Ida-Virumaa. Touché par les difficultés économiques, cette région du nord-est de l’Estonie a été à plusieurs reprises au cœur de l’actualité en raison de fermeture d’entreprises. Afin de contrer cette situation, le gouvernement a notamment adopté une mesure présentée par le ministre des affaires sociales Jevgeni Ossinovski (social-démocrate) qui propose de compenser une partie des charges salariales pour les entreprises locales qui embauchent au moins 20 chômeurs de la région.
De son côté, le ministre estonien de la défense Hannes Hanso (social-démocrate) a rejeté le 4 mars la demande d’entrée en Estonie du chœur Alexandrov(groupe de chants et de danse de l’armée russe) qui devait s’y produire. Selon la législation estonienne, seuls les membres de forces armées entretenant des relations avec les autorités estoniennes peuvent être autorisés à venir en Estonie. Or, depuis le printemps 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, toute coopération bilatérale russo-estonienne a cessé, entraînant ainsi l’annulation des représentations (qui ne sont pas non plus tenues en Lettonie et en Lituanie).
Thématique présente dans de nombreux pays, la question des applications mobiles offrant des services de transport (comme l’Américain Uber) est également au cœur de l’actualité en Estonie. Afin d’accompagner cette nouvelle tendance, le gouvernement estonien a décidé de légiférer et a proposé leur légalisation. Comme toute activité économique, les services seront taxés par le service estonien des impôts avec un prélèvement automatique directement à la source de l’impôt sur le revenu. Ainsi, les conducteurs n’auront pas à déclarer eux-mêmes leurs nouveaux revenus et ne pourront être tentés de frauder.
Enfin, après des années de projets non-réalisés, de débats infructueux, un projet de réforme territoriale a enfin été élaboré par le gouvernement. Face aux difficultés (démographique, économique notamment) rencontrées par les toutes petites communes, le gouvernement souhaite encourager les fusions. Une aide financière de 500 000 euros a été promise aux nouvelles entités constituées dont la population dépasserait 11 000 habitants (le seuil minimal à atteindre étant fixé à 5 000 personnes). Une fois les regroupements volontaires entérinés, le gouvernement agira de manière contraignante à partir du printemps 2017. La nouvelle carte des communes estoniennes entrera en application après les élections municipales de l’automne 2017.
Outre l’activité gouvernementale, un fait divers a attiré l’attention des Estoniens. Le 4 mars, un père de famille a été passé à tabac devant son enfant de 4 ans par deux hommes dans le centre-ville piétonnier de Tartu. Il était intervenu alors que les deux personnes dégradaient une poubelle. L’acte de violence, qui plus est devant un enfant, a été largement condamné par la classe politique, un rassemblement de soutien s’est tenu le 11 mars en présence du maire de Tartu. Ce fait divers a permis de lancer le débat sur la place de la violence dans la société estonienne, le rôle des citoyens dans la signalisation d’individus suspects à la police. Les deux agresseurs, déjà condamnés dans d’autres affaires, ont été interpelés quelques jours plus tard. Ce délai a été source de critique vis-à-vis des autorités policières, qui ont dû rappeler que l’Estonie était un État de droit et que toutes les preuves n’avaient pas encore été réunies.
Le 14 mars, comme chaque année depuis 1996, l’Estonie a célébré l’estonien lors de la Journée de la langue maternelle (Emakeelepäev). Cette fête est l’occasion d’évoquer les évolutions linguistiques et l’importance de l’estonien. Des manifestations multiples sont organisées dans le pays, notamment dans les écoles et les lycées et un concours de dictée est organisé par l’Institut de la langue estonienne. Les participants écoutent un texte court (environ 5 lignes) sur les ondes de la radio Vikerraadio et soumettent leur réponse via Internet. Cinq catégories de participants sont proposées : adultes, écoliers, linguistiques, personnes dont l’estonien n’est pas la langue maternelle et Estoniens vivant à l’étranger. Est désignée vainqueur la personne qui soumet la réponse avec le moins de fautes le plus rapidement. En 2016, 5 573 personnes se sont prêtées au jeu de la dictée (nouveau record de participation), six ont rendu une copie parfaite.
Créée à l’automne dernier pour parer à la banqueroute d’Estonian air, la compagnie aérienne du groupe Nordic Aviation a désormais une nouvelle identité. La nouvelle compagnie nationale estonienne a été baptisée Nordicaet un logo représentant une libellule a été choisi. Les tons bleu et blanc déjà utilisés du temps d’Estonian air seront également utilisés sur le fuselage des avions de Nordica. Devant être dévoilé à la fin du mois, le nouveau nom a toutefois été révélé par l’hebdomadaire Eesti Ekspress qui avait découvert le dépôt du nom par la compagnie aérienne auprès du service des marques déposées !
Enfin, l’entrée estonienne au concours Eurovision de la chanson a été choisie lors du concours Eesti Laul. C’est la chanson « Play », interprétée par Jüri Pootsmaan qui a été désignée pour représenter l’Estonie à Stockholm au mois de mai. Jüri Pootsmann, né en 1994, s’est révélé au public en remportant l’émission Eesti otsib superstaari (équivalent de l’émission française Nouvelle Star) en 2015.