Depuis plusieurs mois, les pays riverains de la mer Baltique s’inquiètent des risques encourus par les avions qui survolent la région face aux avions militaires russes dont les transpondeurs sont éteints. Le dialogue existe entre la Russie et ses voisins (dont une partie appartient à l’OTAN) pour tenter de résoudre ce problème. Les autorités russes ont invité les pays concernés à une rencontre, mais ses interlocuteurs n’ont pas encore donné suite. L’Estonie est actuellement en pourparlers avec ses alliés pour adopter une position commune. Toutefois, il semblerait que la question soit en partie avant tout technique. En effet, selon certains experts, si les avions russes ne sont pas repérables des autres, c’est avant tout en raison de l’absence de transpondeurs aux normes dans les avions russes plutôt que d’une malveillance volontaire.
Encore une fois, l’actualité politique a été marquée par une nouvelle affaire impliquant le Parti du Centre. Les instances du parti ont pris connaissance de l’existence de deux lettres de garantie signée de Priit Toobal, ancien secrétaire général du parti. Par ces deux lettres, le parti s’engage à couvrir les dettes de Midfield OÜ, l’entreprise chargée des campagnes électorales de la formation politique, si celle-ci se trouvait en difficulté. Cet engagement a été pris sans que l’ensemble de la direction du parti en ait connaissance, de quoi provoquer de nouveaux remous internes. Des appels à un congrès extraordinaire se font plus nombreux et Edgar Savisaar lui-même n’exclut plus cette option, même s’il estime qu’aucun leader de l’opposition interne ne peut incarner l’avenir du parti.
Alors que la nouvelle session parlementaire commençait, les agriculteurs estoniens ont manifesté à Toompea pour sensibiliser les élus aux difficultés du secteur de l’élevage face à la concurrence étrangère, notamment polonaise. Selon les manifestants, l’absence de mesures a entraîné une diminution de 10% du cheptel local de vaches laitières avec la vente par les éleveurs de 10 000 vaches pour faire face à la faiblesse des prix. Lors de la manifestation, la place Lossi a été couverte de 10 000 bouteilles de lait estonien et une « vache de Troie » remplie de packs de lait polonais a été offerte aux députés.
Les difficultés du système des retraites estonien a également été au cœur des discussions de la rentrée politique. Le ministre des affaires sociales Margus Tsahkna a annoncé son souhait d’augmenter l’âge de départ en retraite à 70 ans en 2040. Parallèlement, le gouvernement a adopté la suppression des régimes de retraite spéciaux (pension payée à partir de 50 ans) pour les membres de l’armée, de la police, les procureurs et les gardes-frontières. La mesure concernera les personnes qui entreront fonction à partir du 1er janvier 2020.
Les semaines après des tours de scrutins de l’élection présidentielle au Riigikogu ont été animées par la question de la candidature de Marina Kaljurand après que le Parti de la Réforme a décidé de continuer à soutenir la candidature de Siim Kallas. Le 9 septembre, la ministre des Affaires étrangères a annoncé son intention d’être également candidate le 24 septembre devant le collège des grands électeurs et dans le même temps a démissionné de son poste de ministre. Conséquence du départ de Kaljurand de la Place d’Islande, l’actuel ministre de l’éducation et de la recherche Jürgen Ligi a été nommé pour la remplacer et la députée Maris Lauri, ministre des finances du premier gouvernement Rõivas entre novembre 2014 et avril 2015, a été choisie pour remplacer ce dernier. De plus, l’annonce de la candidature de Marina Kaljurand a fait resurgir la polémique concernant son droit à être candidate, le Parti populaire conservateur estonien (EKRE) questionnant son statut de citoyenne estonienne de naissance, condition nécessaire pour être candidat à la présidence de la République. Toutes les personnes nées après juin 1940 sont considérées comme citoyennes de naissance si au moins l’un des deux parents, ou grands-parents, étaient citoyens estoniens. Certains membres d’EKRE ont mis en doute la citoyenneté estonienne de la mère et des grands-parents maternels de Marina Kaljurand. Finalement, les services de police et des frontières ont certifié que Marina Kaljurand était bien citoyenne de naissance en tant que descendante de citoyens estoniens de l’entre-deux guerres. On se dirige donc vers un premier tour de scrutin le 24 septembre avec cinq candidats : Siim Kallas, Mailis Reps, Allar Jõks, Mart Helme et Marina Kaljurand.
Le monde du crime organisé d’Estonie a fait la Une des journaux début septembre. Tout d’abord dans les tribunaux avec la fin du procès de la bande d’Assar Paulus et la poursuite de celui de la bande d’Haron Dikajev. Accusé d’être à la tête d’une bande criminelle, d’extorsion, de faux et usage de faux, Assar Paulus a négocié une peine de sept ans de prison avec le ministère public. Quatorze autres personnes étaient également jugées. Dans le même temps, Haron Dikajev et douze autres personnes sont jugés pour crimes en bande organisée. Enfin, le monde du crime organisé a été marqué par l’assassinat de Nikolai Tarankov, considéré comme le parrain et gestionnaire de la caisse commune du monde mafieux estonien depuis les années 1990. La mise à l’écart ou la disparition des chefs du crime organisé en Estonie pourrait ouvrir une nouvelle page. L’éventualité de l’arrivée d’une nouvelle criminalité, moins régulée en provenance de l’étranger, jusque-là tenue à l’écart par les personnes mentionnées ci-dessus est évoquée par les experts du sujet.
Il y a plusieurs semaines à Tallinn, des travaux avaient permis de mettre à jour le pont historique par lequel on accédait au parc de Kadriorg. Plus tôt encore, la rénovation du parc Tammsaare avait permis de rendre visible les fondations du marché qui s’y dressait avant la Seconde Guerre mondiale. Récemment, des fouilles dans le cadre d’un chantier avenue de Pärnu ont permis de dégager le canal qui alimentait la ville de Tallinn en eau potable du Moyen-Âge à la première moitié du XIXe siècle. L’existence de ce canal était connue, mais les spécialistes craignaient sa destruction lors de l’urbanisation du quartier. La découverte du canal et d’un puits constitue une découverte archéologique majeure relative au passé de Tallinn.
Enfin, le monde du journalisme a été marqué par le décès d’Aarne Rannamäe, figure de la radio et de la télévision estoniennes, à seulement 58 ans. Entre 2001 et 2012, il a été l’un des présentateurs du journal télévisé Aktuaalne Kaamera(ETV). Il était l’un des présentateurs de l’émission hebdomadaire consacrée à l’actualité internationale Välisilm et animait l’émission hebdomadaire Vabariigi Kodanikud qui aborde questions politiques et de société. Le professionnalisme de Rannamäe, intervieweur sans concession craint des hommes politiques, a été salué par ses collègues et le monde politique, ce jusqu’au sommet de l’État.