Dans le cadre de l’Année de la jeunesse, l’événement le plus attendu était sans conteste le XIIe Festival du chant et de la danse Mina jään. Du 30 juin et 2 juillet, près de 40 000 chanteurs et danseurs venus d’établissements scolaires et universitaires de toute l’Estonie étaient réunis à Tallinn. Outre un certain nombre de chants classiques et incontournables, le festival a été l’occasion de présenter les compositions d’artistes actuels (Mari Kalkun, Kadri Voorand, Eeva Talsi…). De plus, si les plus grands dirigeants de chœur estoniens étaient de la fête, la part belle a été faite à la nouvelle génération de chefs de chœur pour lesquels il s’agissait d’une première. Du côté de la danse, le spectacle a été pour la première fois « accessible » aux non-voyants : ces personnes ont pu suivre les différents tableaux grâce à une description audio simultanée et des plaquettes en relief qui permettaient de comprendre la disposition des danseurs sur le stade. Malheureusement, la météo a obligé les organisateurs a annulé la deuxième des trois représentations, mais c’était sans compter sur l’esprit d’initiative des jeunes danseurs qui ont improvisé un spectacle alternatif sur la Place de la Liberté.
La fin du mois de juin a été inévitablement marquée par la fin des préparations de la présidence estonienne du Conseil de l’Union européenne qui a débuté le 1er juillet. Du côté officiel, Tallinn a accueilli les principales figures des institutions européennes (Jean-Claude Juncker, Donald Tusk…). Le Premier ministre Jüri Ratas a par exemple tenu une conférence de presse commune avec le président de la Commission européenne. Les différents discours ont été l’occasion de rappeler les priorités des autorités estoniennes pour les six mois à venir : une économie européenne ouverte et innovante, une Europe sûre et protégée, une Europe numérique, une Europe durable et ouverte à tous. Du côté festif, un concert a été organisé Place de la Liberté pour marquer l’événement.
Dans ce contexte, deux rencontres franco-estoniennes de premier plan se sont tenues en juin. Le Premier ministre Jüri Ratas a tout d’abord fait étape à Paris où il a rencontré le président français Emmanuel Macron. Quelques jours plus tard, c’est le Premier ministre français Édouard Philippe qui s’est rendu en Estonie pour son tout premier déplacement à l’étranger. Il y a rencontré la présidente de la République Kersti Kaljulaid et le Premier ministre Jüri Ratas. Ces rencontres ont permis d’aborder des thèmes comme la cybersécurité, la numérisation de l’administration estonienne, le Brexit et la crise migratoire. Il a en outre fait un déplacement à Tapa où sont stationnés les soldats français installés en Estonie dans le cadre de l’OTAN. Enfin, Édouard Philippe était accompagné du dernier survivant du Convoi 73, ce train parti de Drancy en 1944 et dont le voyage s’acheva à Tallinn. Une cérémonie a été organisée à la prison de Patarei où une stèle commémorative a été installée il y a quelques années.
Sur le plan politique, les différentes formations se mettent en ordre de marche à l’approche des élections municipales de l’automne. À Tallinn, le Parti du Centre continue de gérer ses dissensions internes, la menace d’une liste dissidente conduite par Edgar Savisaar, maire sortant actuellement suspendu par la justice, et la députée européenne Yana Toom est réelle. De son côté, le président du Comité olympique estonien et homme d’affaires Urmas Sõõrumaa a fait part de son intention de conduire une liste indépendante composée d’entrepreneurs. Certains y voient sa volonté de protéger ses nombreuses affaires immobilières dans la capitale.
Au sein du gouvernement, plusieurs têtes ont changé. Suite au remplacement de Margus Tsahkna par Helir-Valdor Seeder à la tête du parti IRL en mai, plusieurs postes ministériels ont été redistribués. Sven Sester a été remplacé par l’homme d’affaire et ancien spécialiste de la voile Toomas Tõnniste au ministère des finances, Margus Tsahkna par le diplomate Jüri Luik au ministère de la défense, Marko Pomerants par l’ancien ministre des affaires régionales Siim Kiisler au ministère de l’environnement. Dans le même temps, Mihhail Korb, qui a démissionné de son poste de ministre de l’administration publique est remplacé par le secrétaire du Parti du centre Jaak Aab.
À Tallinn, plusieurs projets urbains font l’objet de contestation. L’un des plus médiatiques, la construction de la route Reidi sur le littoral entre le port et le monument Russalka, a été porté devant la justice. Saisi par le Mouvement vert estonien, le tribunal administratif de Tallinn a temporairement suspendu le permis de construction de cet axe routier qui devait voir le jour dans les mois à venir. Dans le district d’Haabersti, un groupe de personnes s’est opposé à l’abattage d’un saule blanc dans le cadre du réaménagement de l’intersection d’Haabersti, l’un des principaux nœuds de circulation de la capitale. Après plusieurs jours de statu quo, les opposants ont été délogés par les forces de police et l’arbre abattu.
Dans le domaine du numérique, l’Estonie a franchi un nouveau pas. En visite au Luxembourg, le Premier ministre Jüri Ratas a signé un accord de coopération avec son homologue Xavier Bettel : à partir de 2018, l’Estonie aura une ambassade de données numériques sur le territoire du Grand-Duché dans laquelle elle pourra stocker ses données et s’assurer contre d’éventuelles attaques contre les serveurs situés en Estonie.
En sport enfin, Ott Tänak a remporté le rallye de Sardaigne, épreuve inscrite au calendrier du championnat du monde de rallye automobile. Déjà passé tout près d’une victoire en Pologne en 2016, le pilote est enfin monté sur la première marche du podium, succédant ainsi à Markko Märtin, unique pilote estonien à avoir connu la victoire jusque-là dans cette catégorie. La victoire a également été à portée de l’Estonien lors du rallye suivant, en Pologne, mais un accident le dernier jour de compétition a provoqué son abandon.
De leur côté, les volleyeurs estoniens poursuivent le marathon de matches débuté en mai. Après sa deuxième place obtenue lors d’un tournoi de qualification aux championnats du monde (insuffisante pour participer auxdits championnats, mais qui donne le droit de participer à un nouveau tournoi qualificatif), l’équipe nationale estonienne a participé à la Ligue mondiale (groupe 3). Promue l’an dernier grâce à sa victoire en Ligue européenne, l’équipe a brillé en remportant ce tournoi dès sa première participation grâce à sa victoire en finale contre l’Espagne. Ce résultat permet à l’Estonie de connaître une nouvelle promotion et jouera l’an prochain dans le groupe 2 de la Ligue mondiale.
Enfin, la joueuse de tennis Anett Kontaveit a confirmé ses bons résultats des derniers mois (une finale, plusieurs victoires de prestige sur des joueuses de premier plan) en remportant son premier tournoi sur le circuit professionnel WTA à Bois-le-Duc aux Pays-Bas. Seulement classée autour de la 120ème place mondiale en janvier, la numéro 1 estonienne est désormais classée dans les 40 premières joueuses mondiales.