Au 1er janvier 2019, la population inscrite au registre estonien de la population s’élevait à 1 366 683 personnes, soit 4337 habitants de plus qu’un an auparavant. (Selon les données du service estonien de la statistique, la population estonienne est de 1 323 820 personnes, soit une hausse de 4690 personnes en un an.) Outre l’augmentation de la population, le registre de la population a été au cœur de l’actualité en raison du renforcement de son rôle à venir. En effet, le prochain recensement de la population, en 2020, ne se fera pas par enquêtes, mais en utilisant les données des différents registres. Afin d’obtenir les données les plus précises possibles, des modifications ont été apportées début janvier. Alors qu’il était possible jusqu’à fin 2018 de ne déclarer qu’un nom de commune (ou d’arrondissement à Tallinn), les habitants d’Estonie doivent désormais déclarer une adresse de résidence détaillée. Les personnes qui n’ont pas actualisé et complété leurs données ont tout simplement été radiées des registres et perdu les avantages liés à leur lieu de résidence (par exemple la gratuité des transports pour les résidents tallinnois). Cette opération a permis aux communes de mieux connaître leur population réelle. Ainsi, la ville de Tartu s’attendait fin 2018 à perdre environ 2500 personnes, l’éloignant un peu plus de la barre symbolique des 100 000 habitants (avec une population entre 96 000 et 97 000 habitants).
Le ministère de l’éducation et de la recherche a fait de 2019 l’année de la langue estonienne. L’événement marque avant tout le centenaire de la déclaration de l’estonien comme langue officielle de l’Estonie. Chaque mois de l’année met à l’honneur une thématique particulière : janvier a ainsi été le mois de la littérature.
Du côté du ministère de la culture, 2019 marque les 150 ans de la fête du chant (Laulupidu). Le temps fort de l’année sera incontestablement la fête du chant à Tallinn début juillet. Les préparatifs de l’événements battent leur plein avec notamment les sélections des chorales et des troupes de danse pour les concerts et les spectacles de juillet. Un total de 617 auditions va avoir lieu dans toute l’Estonie.
Si l’année du centenaire de la République d’Estonie est terminée, d’autres commémorations continuent de rythmer la vie en Estonie en 2019, principalement celles des temps forts de la guerre d’indépendance. Janvier 2019 a marqué le centenaire d’événements qui ont été des tournants du conflit qui a opposé la jeune Estonie et ses alliés à la Russie soviétique. La présidente Kersti Kaljulaid a par exemple participé à une cérémonie de commémoration de la bataille de Paju (31 janvier 1919). Cette bataille entre Estoniens et Finlandais d’un côté et Armée rouge de l’autre a permis au camp estonien de libérer Valga et de la prise de contrôle du nœud ferroviaire local. C’est lors de cette bataille qu’est décédé, à 24 ans, le lieutenant Julius Kuperjanov, l’un des principaux organisateurs des forces estoniennes lors de la guerre d’indépendance. Pendant les semaines précédentes, des commémorations ont été organisées en l’honneur des trains blindés, qui ont joué un rôle important dans la victoire du camp estonien dans ce conflit. Une réplique de train blindé, baptisée Wabadus (Liberté) et spécialement aménagée a relié Kehra et Valga en marquant neuf arrêts intermédiaires, où la population a pu la visiter.
À quelques semaines du scrutin, les candidats aux législatives du 3 mars sont désormais connus. Alors que 101 sièges de député (répartis entre 12 circonscriptions) sont à pouvoir, huit partis politiques ont déposé une liste complète (125 candidats) : les Verts d’Estonie, Eesti 200, Isamaa, le Parti libre, le Parti de la Réforme, le Parti du Centre, le Parti social-démocrate et le Parti populaire conservateur). À ces listes, s’ajoutent celles de la formation Elurikkuse Erakond, créée par l’ancien président du Parti libre Artur Talvik (73 candidats) et du Parti de la gauche unie (11 candidats) et 18 candidats indépendants. Ainsi, ce ne sont pas moins de 1099 candidats qui se présentent, soit 227 de plus qu’en 2015. L’attention des médias se portera avant tout sur les principales circonscriptions (les trois de Tallinn et celle qui regroupe les régions de Raplamaa et Harjumaa), où se présentent les têtes de listes et/ou les candidats de poids de chaque liste. Le social-démocrate Jevgeni Ossinovksi et Kristina Kallas (Eesti 200) seront opposés dans la seconde circonscription de Tallinn, Kaja Kallas (parti de la réforme) et Jüri Ratas (parti du centre) seront face à face dans la circonscription Harjumaa-Raplamaa. Züleyxa Izmailova (Verts) et Mihkel Kangur (Elurikkuse erakond) sont candidats à Tallinn (nº 1). Helir-Valdor Seeder (Isamaa) et Mart Helme (EKRE) seront candidats respectivement dans les circonscriptions Järvamaa-Viljandimaa et dans de Pärnumaa et Kaul Nurm (parti libre) dans la circonscription Põlvamaa-Võrumaa-Valgamaa.
En janvier, dans l’attente des débats radiotélévisés qui auront lieu en février, l’attention s’est surtout portée sur une campagne publicitaire du nouveau parti Eesti 200. Le 7 janvier au matin, des affiches ont été installées à l’arrêt de tramway Hobujaama de Tallinn : en estonien et en russe, les affiches d’une moitié de l’abri portaient la phrase « Ici, Estoniens uniquement », celles de l’autre moitié « Ici, Russes uniquement ». Aucune indication ne permettait de connaître le commanditaire de la campagne ; seuls deux numéros de téléphone étaient indiqués. Très rapidement, les condamnations se sont fait entendre et les regards se sont tous tournés vers Eesti 200, seule formation politique à ne pas nier son implication. Le lendemain, les affiches étaient remplacées par de nouvelles, certaines avec le logo d’Eesti 200, d’autres portant la mention « Les Estoniens et les Russes » suivie d’un complément de phrase (par exemple « vont dans la même école », « eestlased ja venelased käivad ühes koolis » », естонцы и русские вместе в одной школе »). Malgré cette seconde phase de la campagne et les explications de Kristina Kallas à propos du message, évoquer la problématique des relations entre Estoniens et Russes en Estonie, la méthode a été largement décriée. Pour beaucoup, c’est ce type de campagne qui crée des ruptures au sein de la société. Si Eesti 200 semblait jusque-là séduire une partie de l’électorat, cette affaire a eu un effet négatif sur les intentions de vote puisque le parti n’est plus sûr de franchir les 5 % et obtenir des élus (sondage Turu-uuringute AS). Toujours au cœur des débats politiques pré-électoraux, la question des minorités russophones constitue également un des thèmes centraux de la campagne de 2019, l’autre grand sujet étant la fiscalité.
Photo : Õhtuleht / Tiina Kõrtsini