2023 marque le centenaire du Comité olympique estonien. Pour l’occasion, le ministère de la Culture, en coopération avec le COE et différentes structures du domaine de la santé, a fait de cette année-là l’année de l’activité physique et du sport (en estonien liikumisaasta, « l’année du mouvement/déplacement) afin que les Estoniens prennent plus soin de leur santé. De son côté, l’Union du Tourisme rural a lancé l’Année du sauna dont le but est de promouvoir la culture et les traditions du sauna. 2023 revêt aussi une importance particulière pour Tallinn. En effet, depuis le 1er janvier, la capitale estonienne est capitale verte de l’Europe, un titre dont elle a été à l’origine en 2007. Après plusieurs tentatives infructueuses, la capitale estonienne va enfin porter « son » titre. Enfin, fin janvier, une nouvelle journée commémorative a vu le jour le 30 janvier – jour de la naissance d’A. H. Tammsaare, l’auteur du célèbre Vérité et Justice, avec la première Journée de la littérature estonienne. Les drapeaux pouvaient être hissés pour l’occasion et de nombreux événements autour de la littérature ont eu lieu dans tout le pays.
Les premiers jours de janvier ont été animés par une polémique impliquant plusieurs membres passés et actuelle de l’équipe estonienne de football, dont son capitaine Konstantin Vassiljev. L’un d’eux, Andrei Stepanov, désormais agent de joueurs, a publié sur les réseaux sociaux une photo d’un repas de fin d’année sur laquelle figurait également Valeri Karpine, l’actuel sélectionneur de l’équipe russe de football (ce dernier est né à Narva et possède la double citoyenneté russe et estonienne). Dès la publication de la photo, les critiques ont fusé jugeant inacceptable que des membres de l’équipe d’Estonie posent avec l’entraîneur d’un pays agresseur, et ce malgré la dimension privée du repas. Comme les convives étaient presque intégralement des russophones, les critiques ont également questionné la loyauté des joueurs envers l’Estonie, des voix réclamant notamment que Konstantin Vassiljev ne soit plus le capitaine de l’équipe nationale.
Dans le contexte de guerre en Ukraine, le souhait d’assurer la sécurité nationale de l’Estonie est omniprésent. Outre l’achat d’armes, le renforcement des troupes de l’OTAN présentes dans le pays, les autorités estiment nécessaire d’améliorer les infrastructures militaires du pays, notamment en augmentant les zones d’entraînement de l’armée. Actuellement, l’Estonie compte six terrains d’entraînement, dont le principal, le polygone central (12 000 hectares) situé dans la région de Harjumaa. Les autres infrastructures demeurant trop petites pour des exercices d’ampleur, les autorités estoniennes projettent la création d’un nouveau terrain ou l’élargissement d’une des zones existantes. Depuis plusieurs semaines, l’option d’agrandir le terrain d’entraînement de Nursipalu (communes de Võru et de Rõuge, région de Võrumaa) semble la solution choisie. Toutefois, ce choix rencontre l’opposition de la population locale qui craint que l’extension des structures militaires ait une influence négative sur l’économie, notamment sur le tourisme, et sur l’identité culturelle de la région. La question de l’indemnisation des personnes à reloger fait également débat. Face à la polémique en pleine campagne électorale, le ministre de la Défense Hanno Pevkur s’est résolu à annoncer une mise en pause du projet.
Les relations diplomatiques entre l’Estonie et la Russie se sont un peu plus rafraîchies après la décision du ministère estonien des Affaires étrangères de réduire le nombre de diplomates russes autorisés en Estonie au nombre de diplomates estoniens présents à Moscou à partir du 1er février 2023. En représailles, les autorités russes ont notifié à l’ambassadeur estonien à Moscou qu’il devait avoir quitté le pays avant le 7 février 2023, réduisant ainsi le niveau des relations diplomatiques à celui d’un chargé d’affaires.
À moins de deux mois des élections législatives, les formations politiques estoniennes sont en ordre de bataille pour faire campagne. Le 5 mars, 968 candidats validés par la Commission électorale espéreront obtenir le soutien des urnes. Neuf listes (dont sept complètes avec 125 candidats) et dix candidats indépendants tenteront de conquérir les 101 sièges du Riigikogu. Fin janvier, le Parti de la réforme de la Première ministre Kaja Kallas, dont le slogan est « Une Estonie entre de bonnes mains », était crédité de 31 % et pouvait donc espérer conserver le pouvoir au printemps. EKRE (extrême-droite) et son slogan « Sauvons l’Estonie ! » se situe à 19 % devant le Parti du centre (16 %) qui promet de gouverner « Courageusement pour le bien des gens ». Vient ensuite Eesti 200 (12 %) qui espère entrer pour la première fois au parlement et se veut une alternance crédible (« Avec nous, c’est possible). Le Parti social-démocrate (8 %) fait campagne en liant confort de vie et sécurité nationale (Pouvoir s’en sortir au quotidien est une question de sécurité) et Isamaa (5,5 %) qui se pose comme le seul garant de la nation (Il n’y a qu’une seule patrie / Il n’y a qu’un Isamaa). De leur côté, les Verts (3 %) et le parti Parempoolsed (litt. « Ceux de droite ») (2 %) demeurent loin des 5 % nécessaires pour obtenir des élus.
Après plusieurs mois d’études, les bureaux d’enquête pour la sécurité d’Estonie, de Finlande et de Suède ont rendu public un rapport intermédiaire sur le naufrage du ferry MS Estonia. Selon ce rapport, dont les conclusions intermédiaires sont à confirmer, aucun élément ne vient soutenir la thèse d’une collision avec un autre navire ou un objet flottant. En revanche, le rapport conclut que l’Estonia n’était pas apte à naviguer en mer en raison de nombreux défauts de construction, notamment l’utilisation de matériaux moins résistants que prévu. Des certificats avaient bien été émis mais sans qu’ils ne reflètent la réalité. Très vite, le constructeur, l’Allemand Meyer Werft et la société de certification, Bureau Veritas, ont rejeté ces conclusions.
À Narva, après trente ans de débat, le Conseil municipal a adopté le changement de noms des rues Albert-August Tiimanni et Ancis Daumani, deux communistes du XXe siècle. Les rues seront rebaptisées rue Kivilinna et rue Soldina.
Le cinéma estonien a de son côté remporté une victoire notable au Festival du film de Sundance (États-Unis), l’un des principaux festivals du film du monde (avec Berlin, Cannes, Venise et Toronto). Anna Hints, la réalisatrice de Savvusanna sõsarad (traduit en anglais Smoke Sauna Sisterhood), a reçu le prix de la meilleure réalisatrice dans la catégorie Documentaires. Le prix revêt d’autant plus d’importance que Savvusanna sõsarad est le premier film estonien à avoir été sélectionné pour ce festival. Le documentaire présente le portrait de femmes qui utilisent le sauna à la fumée typique du sud de l’Estonie pour partager leurs différents secrets et maux.
En janvier, le ministère de l’Intérieur a publié ses dernières données d’état civil. Alors que la question de la natalité anime la classe politique depuis de nombreux mois, 2022 se distingue pour son faible nombre de naissances. Seulement 11 588 naissances ont été enregistrées, soit 1550 de moins qu’en 2021. Surtout, ce nombre de naissance est le plus faible enregistré depuis 100 ans dans le pays, battant le record de 1998 (12 167 naissances).
Quelques résultats sportifs sont à souligner. Pour la première fois depuis 59 ans et la victoire d’Ants Antson aux Jeux olympiques d’Innsbruck en 1964, un Estonien est monté sur le podium d’un grand championnat de patinage de vitesse. Le patineur Marten Liiv a remporté le bronze lors des championnats d’Europe de Hamar en Norvège. Lors des championnats de patinage artistique organisés à Espoo (Finlande), la patineuse Niina Petrõkina et le patineur Mihhail Selveko ont obtenu les meilleurs résultats de l’histoire de patinage estonien avec une 6e et une 8e place respectivement.
Toujours en sport, les efforts du Comité international olympique pour faire participer les sportifs de Russie et du Bélarus aux Jeux olympiques d’été de Paris 2024 font fortement réagir. Les autorités estoniennes et le COE s’interrogent sur la politique à suivre et sur un boycott éventuel si ces sportifs étaient bien présents dans la capitale française.
Enfin, l’Estonie a participé à la finale du Concours mondial de la cuisine. Invitée par les organisateurs, elle a été représentée par Alexander Gureev, originaire de Tallinn et sous-chef à Oslo et a obtenu la 13e place finale sur 24 concurrents.
Photo : Matériel de presse