Au cœur de l’été, deux actualités économiques attirent l’attention. Tout d’abord, l’entreprise de transport par bus Superbus, propriété du milliardaire écossais Brian Souter, a mis fin à ses activités en Estonie moins d’un an après son arrivée sur le marché. Promettant une guerre des prix (avec des tickets à 1 euro), Superbus a souffert d’une concurrence déjà établie et d’un bras de fer avec le service estonien des routes (Maanteeamet) concernant les autorisations d’exploitation et les créneaux horaire alloués. Malgré des décisions de justice favorables, Superbus a toutefois jeté l’éponge et quitté l’Estonie le 31 juillet. L’entreprise a saisi la Commission européenne, mais le journal Äripäev indique que cette dernière ne s’est pas saisie du dossier.
Dans le secteur de l’agroalimentaire, la société laitière Tere doit faire face aux accusations de fraude des services fiscaux estoniens. L’entreprise AS Tere en tant que personne juridique et six personnes dont Oliver Kruuda, le président du directoire de Tere, sont soupçonnées d’avoir transmis de fausses données. Le manque à gagner pour l’État serait de 375 000 euros (impôts sur le revenu et TVA). Il s’agit d’un nouveau coup dur pour l’entreprise qui était au bord de la faillite au début de l’année.
Le 25 juillet, la sécurité de l’aéroport de Tallinn a été renforcée. Dans la nuit précédente, une personne se revendiquant de Daech avait indiqué par téléphone qu’un vol à destination de l’Allemagne serait touché dans la semaine suivante. La menace a été prise très au sérieux, mais l’enquête n’a pas (encore) permis de remonter jusqu’à l’auteur de l’appel téléphonique, émis depuis l’Estonie.
Lors des Jeux olympiques d’été à Rio de Janeiro, la fortune des sportifs estoniens a été diverse. Cette année, la délégation estonienne n’a remporté qu’une seule médaille, le bronze pour Andrei Jämsa, Tõnu Endrekson, Kaspar Taimsoo, Allar Raja en aviron quatre de couple. Parmi les places d’honneur obtenues, on peut citer Martin Kupper et Gert Kanter qui ont obtenu les quatrième et cinquième places au lancer du disque, Rasmus Mägi (400 m haies) et Ksenija Balta (saut en longueur) se sont classés sixièmes. Parmi les espoirs de médaille déçus, Heiki Nabi (lutte gréco-romaine) et l’équipe féminine d’épée ont perdu leur match pour la médaille de bronze, d’autres ont vu leur parcours s’achever plus tôt encore (Epp Mäe en lutte, les escrimeurs, les lanceurs de javelot).
Après les JO de Rio, le 20 août, l’Estonie a fêté le 25ème anniversaire de la restauration de son indépendance. Pour la dixième fois (et dernière fois), le président Toomas Hendrik Ilves a organisé une réception dans la roseraie de Kadriorg, tradition qu’il a initiée en 2007. Cette année, la Pierre de la Restauration (Iseseivuse taastamise mälestuskivi), distinction créée par Ilves en 2007, a été remise aux Unions artistiques (Loomeliidud) pour leur rôle dans la restauration de l’indépendance à partir de 1987. De son côté, la presse a retracé en détails les événements qui ont suivi le début du putsch à Moscou le 19 août 1991 et qui ont conduit au retour à l’indépendance de la République. De nombreuses interviews ont été publiées, notamment des 40 membres du Soviet suprême encore vivants qui ont voté en faveur de l’indépendance de l’Estonie au soir du 20 août 1991 ou encore de personnes nées le 20 août 1991.
Enfin, la campagne pour l’élection présidentielle s’est poursuivie. Le 3 août, le Parti de la Réforme a décidé de soutenir Siim Kallas plutôt que Marina Kaljurand lors du scrutin au Riigikogu. Cette décision a permis de clarifier la situation, réduisant le nombre de candidats à cinq. Ces derniers (Mart Helme, Allar Jõks, Siim Kallas, Eiki Nestor, Mailis Reps) ont participé à un premier grand débat à Paide lors du traditionnel Festival d’Opinion (Arvamusfestival) mi-août. Le débat a surtout été marqué par une blague mal venue de la part d’Allar Jõks à l’encontre de Mailis Reps et les positions eurosceptiques de Mart Helme.
Quoiqu’il en soit, ces candidats ne le seront pas tous le 29 août, jour du premier tour de scrutin au Riigikogu. En effet, la candidature d’une personne doit être portée par 21 députés (un cinquième du parlement). Le dépôt des candidatures se déroulera du 25 au 27 août et la Commission électorale estonienne se réunira le 28. En l’état, seuls Siim Kallas et Mailis Reps ont l’assurance d’obtenir les soutiens suffisants, leur partis respectifs ayant un nombre de députés supérieur à 21. Si Allar Jõks espère compter sur l’ensemble des députés IRL et Vabaerakond(22 soutiens potentiels), Mart Helme et Eiki Nestor ne devraient pas avoir suffisamment de soutiens. L’élection présidentielle se déroulera selon la procédure suivante. Un premier tour de scrutin se tiendra le 29 août à 13h. Si aucun candidat n’obtient 68 voix, un second tour sera organisé le 30 août à midi. Les candidats sont de nouveau inscrits auprès de la Commission électorale, ce qui sous-entend la possibilité d’avoir de nouveaux candidats. Si aucun candidat n’est élu, un troisième tour est organisé le même jour entre les deux meilleurs candidats du second tour. La majorité requise demeure 68 voix. Si aucun candidat n’obtient suffisamment de voix le 30 août, le président du parlement convoquera un collège électoral composé des 101 députés et de 234 grands électeurs issus des conseils municipaux. La date officieuse pour la tenue des deux tours de scrutin potentiels est le 24 septembre.