C’est au travers de graffitis mais également de peintures à l’huile que Riivo Kruuk, artiste américano-estonien, promeut la culture estonienne.
Ses œuvres mêlent le folklore estonien à des thèmes de pop-culture, et les portraits de femmes vêtues d’étoffes colorées aux motifs floraux constituent le cœur de son travail. De plus, l’artiste a collaboré avec le rappeur estonien Nublu, dont la couverture du titre “Duubel5-v2” a été illustrée par ses soins.
Vous êtes né aux États-Unis d’une mère américaine et d’un père estonien. Comment avez-vous appris l’estonien. Quel a été votre rapport à l’Estonie pendant votre enfance ?
Mon père vient de Tallinn et ma mère est américaine. Mes parents se sont rencontrés en Estonie, où ma mère travaillait. Elle parle couramment estonien et bien que je sois né aux États-Unis, on parlait estonien à la maison. De plus, on a vécu à Baltimore et j’y ai fréquenté l’école estonienne, où je me suis fait des amis estoniens. J’avais l’impression de vivre en Estonie sans y être. On a voyagé quelques fois en Estonie, mais j’ai surtout grandi en Floride, aux alentours de Miami. Je me sens plus estonien qu’américain, je ne me sentais pas vraiment à ma place aux États-Unis quand j’étais plus jeune, mais je ne peux pas prétendre être complètement estonien non plus. La dernière fois que je suis allé en Estonie, c’était en 2019, mais maintenant que je suis adulte, je compte m’y rendre plus souvent. Cette année, je prévois d’aller à Tartu, la capitale européenne de la culture en 2024, et ainsi profiter du festival. Ce sera un moment historique.
Quel est votre aspect préféré de la culture estonienne ? Avez-vous une œuvre littéraire estonienne préférée ? Un artiste ?
Ce que j’admire chez les Estoniens, c’est leur force et leur résilience, le fait qu’ils aient conservé une culture riche dont ils sont fiers malgré l’occupation. En ce qui concerne mon œuvre littéraire préférée, je dirais Kalevipoeg, un grand classique. En termes de musique, Arvo Pärt et en arts visuels, Edward von Lõngus et Eduard Wiiralt.
Quand vous êtes-vous intéressé à l’art ?
Au départ, c’était une activité que je partageais avec mon père qui est un bon dessinateur. Cependant, je comptais me lancer dans une carrière de footballeur, je jouais au football à l’université mais j’ai dû arrêter à cause d’une blessure à la jambe. Par la suite, je me suis dirigé vers l’art et en 2018, j’ai décidé d’en faire mon objectif principal.
Quelles sont vos principales inspirations ? Y a-t-il un artiste que vous admirez en particulier ?
Je m’inspire du hip-hop, de l’art du graffiti, des vêtements traditionnels estoniens mais je suis actuellement en train d’expérimenter d’autres choses, d’explorer. Ce qui m’intéresse en particulier c’est d’ajouter une touche contemporaine aux cultures. Je puise également mon inspiration dans le travail d’autres artistes que j’estime comme Sainer, Octavi Arizzabalaga et Conor Harrington.
Quel est votre médium préféré ? Qu’est-ce que vous aimez peindre par-dessus tout ?
Je préfère la peinture aérosol et avoir comme toile une surface aussi grande que possible, mais j’aime aussi la peinture à l’huile. Ce que j’aime surtout peindre, ce sont les portraits.
De quelle œuvre êtes-vous le plus fier ?
Je suis fier de la peinture murale que j’ai réalisée l’été dernier en Roumanie. Elle mesure 20 mètres de haut. J’ai passé huit jours d’affilée à peindre, de 9 heures à 18-19 heures.
Comment en êtes-vous arrivé à collaborer avec le rappeur Nublu ?
On s’est rencontré à New York lors des “Estonian culture days”, il y avait aussi le rappeur “Gameboy Tetris”. On a sympathisé et traîné ensemble. Un jour, Nublu m’a demandé s’il pouvait utiliser un de mes dessins. Je lui en ai proposé plusieurs et il a choisi son favori. Nous sommes actuellement en train de travailler sur un projet ensemble.
Comment se fait-il que vous parliez français ? Éprouvez-vous un intérêt pour notre pays ?
Ma mère parle huit langues et a beaucoup d’amis à Lyon et à Saint-Étienne. Elle passe également beaucoup de temps en France. L’année dernière j’y ai voyagé pour une résidence, je me suis exercé en français six mois avant mon arrivée. J’ai quelques amis français avec lesquels je parle français. J’aime également la musique francophone et les films français. J’écoute du Niska, PLK, Damso et Stromaé, et j’aime Astérix et Obélix. J’apprécie les langues en général, parce que ça permet d’élargir sa vision du monde. C’est en partie pourquoi je ne me sens pas à ma place aux États-Unis, là où le polyglottisme n’est pas commun.
Où retrouver Riivo Kruuk :
Instagram : @riivosuave
Site internet : riivokruuk.com